Quand les morts continuent d'influer sur le futur [ft. Lydia]

La nuit était doucement tombée sur Caely, et comme tout les soirs Yel avait préparé le repas avant de mettre les enfants au lit. Une soirée banale qui ne sortait en apparence pas de son quotidien, et pourtant… Une fois la maison parfaitement calme, l’incube partit dans sa chambre et fouilla dans une armoire un instant avant d’en sortir une lanterne. C’était un objet très précieux, il avait eu un mal fou à se la procurer et ça lui avait coûté un mois de salaire mais ça en valait largement la peine. Il posa la lanterne sur le sol et s’assit devant avant de l’allumer. C’était loin d’être La première fois qu’il l’utilisait, mais cela faisait un bon moment qu’il ne l’avait pas utilisée et il appréhendait un peu… Disons que depuis un moment leurs conversations tournaient en rond, et arrivaient souvent à un point qu’il ne souhaitait pas atteindre…

“-Crimson…? C’est toi…? Qu’est ce qu’il se passe?”

Ca faisait longtemps qu’il n’avait pas entendu ce nom et cette voix, ça lui avait manqué…

“-Pardonnez moi de vous déranger Maître… J’avais besoin de vous parler.
-Depuis combien de temps suis-je mort?
-6 ans…
-Déjà… Bon de quoi tu devais me parler? Il y a eu un problème à Wisteria? Tu as échoué dans ta mission?
-Non Maître, j’occupe mon poste du mieux que je peux, il n’y a aucune problème. Je voulais juste vous parler parce que vous me manquez.
-Et tu oses me déranger pour ça? Franchement, tu as de la chance que je sois mort parce qu’il y a des claques qui se perdent…
-Pardonnez moi maître…”

Et pourtant, la lanterne ne coupa pas et Melo écouta -plus ou moins- patiemment le rapport de son ancien subordonné. Il lui raconta comment se portait l’escouade rouge et ce qu’il avait fait en tant que Red ces 6 dernières années, il eu même le droit à un “c’est pas trop mal” qui, de la part de son maître voulait dire beaucoup. Puis la conversation arriva au point qu’il ne voulait pas aborder.

-Et du côté de ta vie personnelle?
-Ah… Rien n’a changé…
-Je sais que tu mens. Comment tu peux me mentir? A moi? Tu vois quelqu’un d’autre c’est ça? Tu oses voir quelqu’un d’autre?!
-Non!
-Alors quoi? Dis moi, c’est un ordre!
-...Je… J’ai trois enfants, mais je les élève tout seul! Je ne vois personne d’autre! Je le jure!
-Trois enfants? Trois?! Je te l’interdis! Tu n’appartiens qu’à moi? Tu m’entends Yel? Mort ou vif tu n’appartiens qu’à moi. Tu n’as jamais été et ne seras jamais rien d’autre que mon objet. Tu penses avoir le droit de vivre une vie sans moi? Je ne crois pas non. Tue tes enfants, c’est un-”

L’incube souffla rapidement sur la lanterne, coupant son maître dans sa phrase. Il ne pouvait pas le laisser continuer, il ne pouvait pas entendre le mot “ordre”. Il avait le souffle court, faire taire son supérieur, c’était un affront qu’il ne pouvait pas se permettre, mais il n’avait pas le choix. Ce n’était pas la première fois qu’on lui donnait cet ordre, et pas la première fois qu’il coupait brusquement la lanterne pour ne pas avoir à obéir. Il ne pouvait pas le faire, même si c’était un ordre il ne pouvait pas faire de mal à ses trois précieux petits trésors, il refusait de le faire. Ses enfants étaient devenus sa raison de vivre, et même si ça voulait dire décevoir son maître, il allait les protéger.

Une soirée comme les autres pour la famille Hawkins. Un bon repas puis au lit. Cependant, Lydia n'avait pas réussi à s'endormir et avait décidé de se lever pour partir en quête d'un verre d'eau. Passant dans le couloir, elle remarqua la lumière filtrer de la porte de son père adoptif. Sans trop s'en préoccuper, elle commença à passer devant mais les brides de conversations retinrent son attention. Elle sentit son coeur s'accélérer, partagée entre crainte et stress. Elle était presque sûre avoir déjà entendu Red parler à quelqu'un, sans pour autant savoir de quoi. Quelque chose dans le ton de son père l'avait toujours empêché d'être plus curieuse que nécessaire en écoutant aux portes. Mais là, c'était un hasard, elle passait juste à côté, alors elle n'y pouvait rien si elle entendait ce qu'elle ne devrait pas, non... ?

Doucement, l'enfant se stoppa, juste derrière la porte, oubliant complètement le but de cette balade nocturne. Cette fois-ci, elle voulait savoir. Lydia était loin d'être la plus discrète des enfants, et pourtant elle ne fut pas repérée. Ca aussi, c'était surprenant. Red l'aurait tout de suite démasquée, habituellement, non... ? Retenant son souffle, elle tenta d'enregistrer les propos de son père et son interlocuteur inconnu. Elle n'arrivait pas à tout saisir, aussi bien à cause du stress que parce qu'elle n'avait pas forcément le contexte, mais elle comprit qu'il était question des enfants, Norh, Saeros et elle-même. La fillette discerna très bien la dernière phrase de cette voix inconnue, cependant, et elle lui glaça le sang.

- Trois enfants? Trois?! Je te l’interdis! Tu n’appartiens qu’à moi? Tu m’entends Yel? Mort ou vif tu n’appartiens qu’un moi. Tu n’as jamais été et ne seras jamais rien d’autre que mon objet. Tu penses avoir le droit de vivre une vie sans moi? Je ne crois pas non. Tue tes enfants, c’est un-

La surprise fit perdre à Lydia le peu de discrétion qu'elle avait. Elle poussa brusquement la porte, manquant de tomber dans son élan. Il n'y avait personne à part Red, pourtant... Qui éteignait une lanterne avec empressement. C'est de là que la voix venait ? C'est pour ça qu'il l'éteignait ? Même si ça pouvait sembler bizarre, Lydia savait que c'était possible au vu de tous les objets magiques qui existaient. Mais pourquoi fuir comme ça la situation plutôt que de lui dire, non ?! C'était pas si compliqué de dire "non je ne veux pas tuer mes enfants, je ne le ferais pas, je ne t'obéirais pas", si ? Lydia ne comprenait pas pourquoi Red ne l'avait pas fait. Et ça lui faisait peur. Cette personne étrangère lui faisait peur. Elle n'avait pas tout compris mais une chose qu'elle avait réalisé : c'était pas quelqu'un de "gentil". En fait mieux valait même casser la lanterne pour s'en débarrasser, non ?! Alors pourquoi est-ce qu'il le faisait pas  ?

Un air coupable sur le visage,  Lydia ne savait pas quoi dire. Prétexter un cauchemar ou Shun sait quelle bêtise était impossible. Ca se voyait comme le nez au milieu du visage, qu'elle avait surpris la conversation. Et elle n'arrivait pas à cacher l'incompréhension et le reproche sur son visage. Elle qui était autrefois plutôt bonne comédienne, quand on l'attendait d'elle n'y arrivait même plus... Elle redevenait une enfant "normale" à vivre une vie plus paisible.

- J-je... j'allais chercher à boi-..., commença-t-elle avant de se couper. Pourquoi devait-elle se justifier d'abord. Ce n'était pas lui qui devait s'expliquer ? Il avait quand même laissé quelqu'un lui dire de les tuer, eux, ses enfants ! E-et puis d'abord, avec qui est-ce que tu parlais ?! s'exclama-t-elle, sur un ton de reproche, en tentant vainement de durcir son visage.

La fumée sortait de la lanterne tout juste éteinte et se répandait lentement dans l’air, il avait échappé à cet ordre de si peu. Avant que l’incube ait eu le temps de reprendre ses esprits, la porte de sa chambre s’ouvrit brusquement, le faisant sursauter. Il se tourna rapidement pour s'apercevoir que ce n’était que Lydia, la petite devait surement venir le voir pour un cauchemar ou une connerie du genre. Mais le soulagement laissa vite place à l’inquiétude. Pourquoi ne l’avait-il pas entendu? Si elle était venue chercher son aide, peu discrète comme elle était il aurait dû l’entendre arriver depuis un moment… Combien de temps avait elle passé derrière la porte? Qu’avait elle entendu?

La tête que faisait Lydia ne laissait place à aucun doute, elle avait surpris une partie de la conversation et ce qu’elle avait entendu ne lui plaisait pas du tout. Il n’avait encore jamais vu sa petite fille le regarder comme ça, et ça lui faisait peur. Il commençait à se rendre compte de la situation dans laquelle il se trouvait. Et si le petit ange l’avait entendu parler du Prisme? Et si elle avait compris qu’il en faisait partie? Lydia serait en danger… Est ce qu’elle avait compris qu’il avait tué des gens? Est ce qu’elle allait le détester et partir avec Saeros loin d’ici? Est ce que c’était la fin de sa petite famille parfaite…?

“- J-je... j'allais chercher à boi-.... E-et puis d'abord, avec qui est-ce que tu parlais ?!”

Ce ton de reproche lui faisait mal parce qu’il savait qu’elle avait raison de lui en vouloir. Elle avait parfaitement le droit de lui demander, mais il ne pouvait rien lui dire. Il devait la protéger, il devait protéger cette famille qu’il avait eu tant de mal à trouver, même si ça voulait dire qu’il allait mentir à sa fille. Il reprit son calme pour essayer d’avoir l’air crédible.

“-A personne. Tu vois bien qu’il n’y a que moi ici, à qui je pourrais parler? Tu as dû rêver, il est tard, tu dois être fatiguée. Viens, il faut retourner dormir, je vais te border.”

Il se leva et tendit sa main à Lydia, espérant qu’elle ne fasse pas d’histoire et se laisse gentiment raccompagner jusqu’à sa chambre.

Lydia ne savait pas à quoi s'attendre comme réponse. Elle avait peur, elle avait peur parce que tout cela la dépassait. Elle sentait avoir mis les pieds dans un sujet tabou et ne voulait pas briser ce bonheur de famille auquel elle pouvait enfin goûter, mais en même temps... C'était trop important pour qu'elle fasse comme si de rien n'était. Et puis son expression ne mentait pas quant au fait qu'elle avait surpris des paroles qui ne la regardait pas. Mais Red, lui, semblait au contraire décidé à faire comme s'il ne s'était rien passé.

- A personne. Tu vois bien qu’il n’y a que moi ici, à qui je pourrais parler? Tu as dû rêver, il est tard, tu dois être fatiguée. Viens, il faut retourner dormir, je vais te border.

Aussitôt, l'enfant secoua la tête, ignorant la main tendue de son père adoptif. Elle ne voulait pas douter de lui, elle croyait aux liens familiaux qu'ils avaient tous fini par former et pourtant... après ce qu'elle venait d'entendre... Non. Leur papa ne leur ferait jamais de mal. C'était de la faute à ce "monsieur" avec qui il avait discuté. Alors pourquoi est-ce que Red ne s'était pas énervé contre lui ?

- N'importe quoi ! Tu mens ! Je t'ai entendu parler et j'ai entendu un monsieur ! I-il... il parlait de nous tu-... Et puis... tu...

Pourquoi est-ce que le mot ne voulait pas sortir ? Lydia ne sentait que trop bien qu'elle était en train de toucher à une corde sensible. Elle ne savait pas qui était cet inconnu mais l'emprise qu'il avait sur Red était effrayante. Ce n'était pas tant le fait que quelqu'un veuille les tuer qui lui paraissait dur à dire. C'était que la question qui suivait était "pourquoi est-ce que tu l'as laissé dire ? Pourquoi tu ne lui as pas dit qu'il en était hors de question ? Pourquoi tu ne nous a pas défendu ?". Si elle brûlait d'avoir ses réponses, elle avait aussi envie de les fuir. Car ne dit-on pas qu'il n'y a que la vérité qui blesse ?

L’enfant secoua la tête, refusant de prendre sa main. Les choses n’allaient malheureusement pas se régler aussi facilement. L’incube se mordit légèrement la lèvre, ça s’annonçait mal… Lydia avait l’air perturbée, elle savait probablement, elle avait sûrement que son “père” était un criminel, et elle allait le détester…

“- N'importe quoi ! Tu mens ! Je t'ai entendu parler et j'ai entendu un monsieur ! I-il... il parlait de nous tu-... Et puis... tu...”

L’idée de sortir un autre mensonge lui avait traversé l’esprit un instant, mais il se ravisa. S’il continuait comme ça, il allait perdre sa confiance et il ne voulait pas détruire ces liens familiaux qu’ils avaient mis tant de temps à tisser. Il n’y avait définitivement plus de moyen de fuir cette confrontation. Peut importe ce que Lydia avait entendu, elle en savait déjà bien trop. Yel se baissa pour être à son niveau et posa ses mains sur les épaules de sa fille pour tenter de la mettre en confiance.

“-D’accord, j’arrête les mensonges. Je te promet de dire la vérité et de t’expliquer, mais d’abord je dois savoir exactement ce que tu as entendu. Respire Lydia, ce monsieur, je te promet qu’il ne vous fera rien, mais ce que tu as fait, écouter aux portes, c’est très grave, alors pour pouvoir te protéger il faut que toi aussi tu me dises la vérité et que je sache ce que tu sais.”

Le ton de sa voix se voulait rassurant, mais on pouvait voir que la situation le paniquait. Il ne savait pas comment il pourrait s’en sortir sans blesser Lydia ou la mettre inutilement en danger. L’un comme l’autre était inacceptable, et pourtant il fallait faire un choix. Il commençait à regretter sa décision de lui dire la vérité. Peut être qu’il aurait dû être moins égoïste et mentir pour la protéger?

Lydia sursauta en sentant Red poser les mains sur ses épaules. Elle était trop perdue dans ses pensées, mélangeant ce qu'elle avait entendu avec les pires scénarios lui venant à l'esprit, ce qui ne donnait pas forcément quelque chose de très rassurant. Cela eut au moins pour effet de la tirer momentanément de toutes ces inquiétudes et de la calmer légèrement.

- D’accord, j’arrête les mensonges. Je te promet de dire la vérité et de t’expliquer, mais d’abord je dois savoir exactement ce que tu as entendu. Respire Lydia, ce monsieur, je te promet qu’il ne vous fera rien, mais ce que tu as fait, écouter aux portes, c’est très grave, alors pour pouvoir te protéger il faut que toi aussi tu me dises la vérité et que je sache ce que tu sais.

Dire ce qu'elle avait entendu... Il fallait déjà qu'elle ordonne ses pensées et démêle ce que son esprit s'inventait du vrai. Mais Red avait beau dire que ce monsieur ne leur ferait rien, après ce qu'elle avait entendu... Cependant, la dernière phrase de l'incube la fit aussitôt baisser les yeux de honte et s'empourprer légèrement. Gênée, elle se mit à triturer les pans de son pyjama, le regard fuyant. Néanmoins, ça ne calmait pas pour autant ses propres reproches et c'est pourquoi elle se décida rapidement à répondre à la question.

- J-je... je sais pas trop... j'ai pas tout bien entendu... et pas tout compris... juste que ça avait l'air important..., commença-t-elle hésitante, sans pouvoir s'empêcher d'ajouter avec une toute petite voix : et puis le monsieur avait l'air méchant...

C'est avec appréhension qu'elle avait ajouter ça, craignant de se faire disputer. En effet, la façon dont Red semblait respecter cet inconnu était... surprenante. Elle s'empressa de revenir vers le sujet qui l'intéressait réellement, tentant de raffermir sa voix et d'en effacer les tremblements.

- E-et puis à la fin... il a dit... que tu devais nous tuer tous les trois... P-pourquoi tu lui as pas dit non ?!

Il semblait que c'était la seule chose qu'elle avait réellement retenu, le reste lui paraissant flou à côté.

Le petit ange baissa la tête, honteuse de se faire un peu disputer. Yel enleva doucement ses mains des épaules de la petite, lui laissant le temps de parler. La brusquer ne servirait à rien, il valait mieux attendre patiemment qu’elle avoue.

“- J-je... je sais pas trop... j'ai pas tout bien entendu... et pas tout compris... juste que ça avait l'air important..., et puis le monsieur avait l'air méchant...E-et puis à la fin... il a dit... que tu devais nous tuer tous les trois... P-pourquoi tu lui as pas dit non ?! ”

Elle ne savait donc rien sur le Prisme et le fait qu’il était Red? L’incube fut soulagé un instant, mais le ton qu’avait employé Lydia le ramena vite à la réalité: le problème était loin d’être réglé. La situation aurait pu être pire, certe, mais elle restait mauvaise. Le peu de la conversation qu’avait entendu la petite devait vraiment l’affoler… Mais comment lui expliquer? Il ne pouvait pas lui parler de Melo, pas maintenant, il n’était pas encore prêt à le faire. Il fallait contourner le problème… Il passa sa main sur la tête de sa fille et lui caressa doucement les cheveux pour la calmer.

“-Lydia… Je ne pourrais jamais vous faire ça. Vous êtes ma famille, je ne vous ferais jamais de mal, je suis là pour vous protéger. C’est pour ça que j’ai fait taire le monsieur, pour qu’il ne dise pas ce genre de chose et qu’il ne puisse pas nous embêter.”

Il savait que ça ne répondait pas à sa question et que cette réponse n’était pas celle qu’elle attendait, mais que pouvait-il dire de plus? Elle ne devait pas savoir qui était cet homme et quelle était leur relation. Elle était trop jeune, elle ne comprendrait pas, elle était trop petite pour comprendre pourquoi il agissait comme ça. Tout lui dire ne ferait que l’enfoncer d’avantage…

Lydia scrutait le visage de l'incube en quête d'une quelconque justification. Ca ne l'empêchait pas pour autant d'être nerveuse. Elle se laissa faire, immobile alors que son père lui caressait les cheveux, trop tendue pour réagir. D'une certaine manière, c'était un geste apaisant et ça lui prouvait que ça restait bien "son papa" mais pas suffisant pour taire ses inquiétudes.

- Lydia… Je ne pourrais jamais vous faire ça. Vous êtes ma famille, je ne vous ferais jamais de mal, je suis là pour vous protéger. C’est pour ça que j’ai fait taire le monsieur, pour qu’il ne dise pas ce genre de chose et qu’il ne puisse pas nous embêter.

Il répondait complètement à côté. On aurait plus dit qu'en le faisant "taire", il avait fuit ! Comme s'il était incapable de lui dire en face que non, il ne le ferait pas. Mais pourquoi ? Et puis d'abord, fuir comme ça allait rien changer s'il finissait par reparler à cet étranger, non ? Elle ignorait bien sûr que Melo oubliait chaque conversation enclenchée par la lanterne. Tout comme le fait qu'il était mort.

- C'est pas ce que j'ai demandé... !protesta-t-elle. Et puis plutôt que le faire taire, tu devrais pas être en colère ? Pourquoi tu lui as pas dit à lui, que "tu ne pourrais nous faire ça, qu'on est ta famille, que tu ne nous ferais jamais de mal et que tu es là pour nous protéger" ? E-et puis... s'il veut vraiment le faire... qu'est-ce qui te dit qu'il enverra pas quelqu'un d'autre... ?

“- C'est pas ce que j'ai demandé... !protesta-t-elle. Et puis plutôt que le faire taire, tu devrais pas être en colère ? Pourquoi tu lui as pas dit à lui, que "tu ne pourrais nous faire ça, qu'on est ta famille, que tu ne nous ferais jamais de mal et que tu es là pour nous protéger" ? E-et puis... s'il veut vraiment le faire... qu'est-ce qui te dit qu'il enverra pas quelqu'un d'autre... ?”

Encore une fois la fuite n’avait pas marché. Lydia ne laissait pas tomber l’affaire, dans un autre contexte il aurait été fier que sa petite fille s’impose et prenne de l’assurance, mais là ça l’embêtait plus qu’autre chose qu’elle soit si persistante.

“-C’est… compliqué… C’est des histoires d’adultes, tu ne peux pas comprendre…”

L’expression sur le visage de Lydia le fit vite changer d’avis. Il se voilait juste la face, il savait que l’ange était une enfant très mature pour son âge. Il ne faisait que reprocher à sa fille des choses qui n’étaient pas vraies pour mieux fuir...

“-Mais tu n’es plus un bébé, tu deviens une grande fille… Alors je vais te le dire quand même, d’accord? C’est compliqué parce que, moi aussi ce monsieur il me fait peur, et c’est pour ça que je ne peux pas m’énerver et lui dire tout ça. Mais il faut pas que tu t’inquiètes Lydia, parce qu’il ne pourra jamais rien vous faire, il… Il est mort, depuis longtemps. Il n’y a que moi qui peut lui parler, grâce à cette lanterne, donc il n’y a qu’à moi qu’il peut demander de vous faire du mal. Et si tu as quand même peur, on va allumer la lanterne ensemble et je vais lui dire! On va le faire ensemble!”

Même lui, il n’y croyait qu’à moitié, mais pour Lydia il était prêt à essayer.

- C’est… compliqué… C’est des histoires d’adultes, tu ne peux pas comprendre…

Même si Lydia n'était pas encore aussi mûre qu'une adulte, c'était une enfant très mature pour son âge et cette réponse ne l'aurait en aucun cas satisfait. Elle n'était certes pas en mesure de tout comprendre mais elle était capable de saisir au moins un minimum de choses ! D'accord, depuis qu'elle vivait ici, elle se permettait enfin de se comporter "comme une enfant" mais si la situation le demandait, elle pouvait se comporter avec plus de maturité... Heureusement son père en avait conscience et il enchaîna rapidement avant qu'elle ne puisse répliquer.

- Mais tu n’es plus un bébé, tu deviens une grande fille… Alors je vais te le dire quand même, d’accord? C’est compliqué parce que, moi aussi ce monsieur il me fait peur, et c’est pour ça que je ne peux pas m’énerver et lui dire tout ça. Mais il faut pas que tu t’inquiètes Lydia, parce qu’il ne pourra jamais rien vous faire, il… Il est mort, depuis longtemps. Il n’y a que moi qui peut lui parler, grâce à cette lanterne, donc il n’y a qu’à moi qu’il peut demander de vous faire du mal. Et si tu as quand même peur, on va allumer la lanterne ensemble et je vais lui dire! On va le faire ensemble!

L'ange fronça les sourcils. Il était mort ? Alors l'incube pouvait communiquer avec les morts avec cette lanterne... ? Sauf que dans ce cas, il n'avait aucune obligation avec cet inconnu, si ? Puisqu'il était mort. Surtout s'il lui faisait peur comme il disait... C'était d'ailleurs vraiment étrange d'imaginer Red avoir peur de quelqu'un, comme ça. Peut-être que depuis qu'elle avait le droit à cette vie de famille, Lydia avait tendance à oublier que même les parents ne sont pas infaillibles. Son cerveau carburait à toute allure. Néanmoins, elle garda ses interrogations pour elle. Chaque chose en son temps. L'enfant hocha finalement la tête, à la fois pressée et stressée.

- D'accord..., accepta-t-elle.