Habituellement, Ekaterina n'était pas non plus du genre à courir après les missions, quand on ne lui en donnait pas, elle allait très bien aussi et laissait Cindelle faire sa vie. Mais parfois, pour x raisons, Cindelle et elle avaient besoin d'un peu d'argent et Ekaterina n'avait donc plus qu'à chercher une mission. Alors, oui il s'agissait bien de cette dernière devant le panneau d'affichage, comme le démontrait ses yeux en effet, et les écailles qui saillaient sur son visage, mais aussi sa chevelure s'étant rétracté et bien plus courte que quand c'était Cindelle.

Mais la dernière chose à laquelle elle s'attendait, c'était d'entendre hurler son nom dans les couloirs. Enfin, son ouïe laissant toujours à désirer et n'ayant pas changée depuis la dernière fois, elle ne l'entendit pas vraiment, surtout que Narelian, car c'était lui qui avait hurlé son nom n'était pas encore assez prêt pour que le son lui parvienne. Néanmoins, elle ressentit parfaitement ses vibrations de pas. D'abord sans y faire attention car puisque son radar lui renvoyait les ondes au sol à 2 kilomètres à la ronde, c'était une habitude. Puis, elle se rendit compte que ces ondes là venaient faire elle, elle qui n'avait pas d'amis. Et que même les quelques amis de Cindelle parmi les chevaliers préféraient éviter. Elle se figea, ayant à peine le temps de se tourner en direction de ses pas pour se retrouver en face de Narelian.

Elle le fixa, d'abord sans réaction, s'atendant à tout sauf à le voir, là comme ça. Enfin ce n'était pas non plus une mauvaise surprise. Une bonne surprise ? Allons, voyons, même si c'était le cas, elle aurait trop de fierté pour le dire ! Et puis Ekaterina avait du mal à comprendre ses propres sentiments et ainsi à réaliser qu'elle appréciait sincèrement Narelian comme un ami. De plus, elle essayait de s'auto-persuader qu'elle n'avait pas besoin d'amis, qu'elle n'avait pas le droit d'en avoir alors que ce corps n'était pas le sien à l'origine. Avant même qu'elle n'ait le temps de placer un mot, elle le sentit le serrer dans ses bras, écarquillant les yeux, toujours aussi choquée des marques d'affection qu'il pouvait avoir envers elle.

Autant si ça avait été Cindelle... Oui, elle en aurait été heureuse et aurait répondu à l'étreinte, bien que peut-être un poil gênée. Enfin, pas forcément avec Narelian vu qu'elle ne le connaissait pas plus que ça, mais si ça avait été une personne qu'elle connaissait plus. Mais elle n'était pas Cindelle après tout. Oui, justement, elle n'était pas cette fille trop gentille. Alors pourquoi semblait-il l'apprécier autant ? Elle ne savait même pas comment réagir. Sans doute inconsciemment heureuse. Mais puisqu'elle reniait ce désir social, elle ne pouvait pas encore se rendre compte que ça lui faisait plaisir d'être appréciée d'au moins une personne comme étant Ekaterina et non pas juste "la deuxième personnalité de Cindelle". Et le bisous sur la joue fut le pompom. Brusquement, elle sentit le sang lui monter aux joues, tant elle était gênée, le repoussant d'un coup.

- Q-qu'est-ce que tu fais, i-idiot ?! On ne t'as jamais dit de ne pas agresser les gens ?!

Cette phrase sonnait assez ironiquement de la bouche d'Ekaterina qui agressait quiconque s'en prenait à Cindelle mais... Ah peu importe, c'était de sa faute à la prendre dans ses bras comme ça et à faire comme s'ils étaient meilleurs amis depuis toujours !

- Ca me fait plaisir de te voir ! Tu cherches une mission ? Moi aussi ! Prenons en une à deux, regarde... elle, par exemple ! Allé, on y va !

Ekaterina se figea, n'ayant même pas son mot à dire. Hein ? Quoi ? Enfin, remarque, le nombre minimum de la plupart des missions était de deux, alors... Mais quand même ! Pas comme si elle trouverait un autre partenaire, alors autant accepter, se dit-elle. Elle se figea en voyant qu'il ne savait même pas la mission qu'il prenait, soupirant, blasée, se prenant le visage dans les mains. Voyant qu'il avait du mal à déchiffrer le texte, elle roula des yeux, arrachant brusquement la feuille du panneau de missions, commençant à lire ce qui y était écrit à voix haute.

- Tss, si tu lisais un peu plus vite, j'aurais pas eu à me fatiguer la voix !conclu-t-elle.

C'est sûr que c'était plus facile de justifier ainsi le geste quand même attentionnée qu'elle venait d'avoir. Non parce qu'elle avait très bien compris qu'il avait juste du mal avec la police d'écriture et l'avait lu pour qu'il ne se fatigue pas plus les yeux. Et aussi pour en prendre connaissance elle-même, au passage. Bien sûr.